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Dernière mise à jour :

Le 3 décembre 2011

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 22:10

 Vient de paraître aux éditions EDP,

 un livre de Hervé Nifenecker

 

 
Réf.  L05747
Livre/16 * 24 cm
224 pages
19€ (TVA = 5.5 %)
Parution
14.06.2011

 

4èmè Couverture: 

Depuis les récents évènements nucléaires au Japon, le débat sur l’énergie est plus que jamais sur le devant de la scène et sera probablement un sujet important lors des prochaines élections présidentielles.

 

Alors que l’énergie apparaît aujourd’hui comme une énergie à la fois puissante et sans émission de gaz à effet de serre, les doutes et la peur qu’elle suscite auprès de la population sont ils fondés ?

 

La France est-elle le pays le plus avancé du monde en matière d’énergie nucléaire ? Devons-nous craindre un Tchernobyl en France ? Toute irradiation n’est-elle pas dangereuse ? Quelles seraient les conséquences d’une attaque terroriste contre un réacteur ? Le recours au nucléaire permettra-t-il de relever le défi de réserves énergétiques ? Le nucléaire ne reviendra-t-il pas extrêmement cher à cause des frais associés à la gestion des déchets et au démantèlement ? D’ailleurs, sait on gérer les déchets nucléaires sur le long terme ?

 

C’est à toutes ces questions que ce livre tente d’apporter des éléments de réponse argumentés laissant au lecteur le choix de son opinion sur le sujet.

 

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 09:09
Fukushima : l’IRSN dément les affirmations de la Criirad sur les mesures de radioactivité en France
 

IRSN // Criirad - 27 mai 2011


Réponse de l’IRSN au communiqué de la Criirad du 25 mai relatif à la contamination des masses d’air sur le territoire national après l’accident de Fukushima

IRSN, vendredi 27 mai.

Dans son communiqué du 25 mai 2011, la CRIIRAD indique que l’IRSN aurait omis sciemment de diffuser des résultats prouvant une contamination d’une grande partie du territoire à partir du 22 mars 2011. De plus, ces résultats seraient supposés être 20 fois supérieurs à ceux initialement communiqués par l’IRSN. L’Institut réfute ces allégations qui proviennent à son avis d’une erreur d’exploitation par la CRIIRAD des résultats de surveillance disponibles sur les différents sites internet.

1/ Renforcement de la surveillance du territoire et communication des résultats au public

L’IRSN a mis en place en France dès le 12 mars 2011 un plan de surveillance renforcée pour suivre l’évolution de la contamination du territoire français par les rejets de l’accident de Fukushima. Ce dispositif, décrit dans la note d’information IRSN du 29 mars 2011, présente notamment les différents appareils de prélèvement d’aérosols atmosphériques déployés en France. Les durées de prélèvement de ces appareils varient de 1 à 10 jours. A chaque prélèvement sont donc associées une date de début et une date de fin de collecte. Ainsi, dans le tableau ci-après, sont présentées les données d’un prélèvement effectué sur l’aéroport de Biarritz-Anglet-Bayonne entre le 22 et le 31 mars 2011.

Toutes les données acquises par l’IRSN depuis le début de cet événement ont été diffusées par l’intermédiaire de bulletins d’information (14 bulletins ont été publiés entre le 24 mars et le 22 avril) ainsi que sur le site internet cartographique (CRITER) mis en ligne spécifiquement par l’IRSN pour restituer les résultats liés à l’événement de Fukushima.

2/ Le site internet du Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement (RNM)

Par ailleurs, ces résultats ont ensuite été transmis et intégrés à la base de données du RNM comme l’IRSN le fait régulièrement depuis la mise en place de ce réseau en février 2009. Le site internet du RNM est un portail rassemblant les résultats transmis par la majorité des acteurs (autorités, associatifs, experts, exploitants) de la mesure de la radioactivité dans l’environnement en France.

Il est important de rappeler que le Réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement met à la disposition du public des résultats de mesures avec une mise à jour généralement mensuelle. Ce réseau n’est pas conçu pour restituer des informations en temps réel comme précisé sur la page d’accueil de son site internet.

Concernant le cas particulier du prélèvement d’Anglet (64), les résultats sont consultables sous la forme d’un tableau dans lequel seule la date du 22 mars 2011 apparaît.

Dans le cadre du développement de ce site internet, le choix fait par les acteurs du RNM a conduit, par souci de lisibilité pour le grand public, à ne retenir qu’une seule date, celle du début de prélèvement. Les internautes ont facilement la possibilité de vérifier l’origine de cette date en utilisant l’onglet « téléchargement » où ils peuvent rapatrier puis visualiser toutes ces données directement sous un format type tableau. Il est alors précisé qu’il s’agit de la date correspondant au début du prélèvement.

L’IRSN précise que la CRIIRAD a été sollicitée par l’ASN pour contribuer au développement du RNM et de ses outils de restitution des résultats au public dès sa mise en place en 2004. Jusqu’à présent, la CRIIRAD a toujours décliné cette proposition tout comme elle a refusé de transmettre ses données au RNM.

3/ Confirmation de la première détection par l’IRSN d’iode 131 sur le territoire français et restitution des données sur le site « CRITER Japon ».

Certaines analyses ont été réalisées sur des prélèvements d’air de 24 heures, à partir du 11 mars jusqu’au 25 mars, sur 7 stations à basse altitude sélectionnées sur l’ensemble du territoire. Aucune contamination atmosphérique en iode 131 supérieure aux limites de détection de ces équipements utilisés (de l’ordre de 0,05 mBq/m3) n’a été détectée sur cette période.

L’IRSN réaffirme que la première détection d’iode 131 sur le territoire français n’a pu être réalisée qu’à partir d’une station de prélèvement à très gros débit d’aspiration (700 m3/h) et située en altitude. Dans son bulletin n°3 du 26 mars, on peut lire : « Des traces d’iode 131 (0,012 mBq/m3 en moyenne sur la période de prélèvement de 4 jours) ont été mesurées dans l’air prélevé entre le 21 et 24 mars au sommet du Puy de Dôme. Elles révèlent pour la première fois la présence en France d’éléments radioactifs rejetés lors de l’accident de la centrale de Fukushima. »

Afin de ne pas minimiser les concentrations mesurées, l’IRSN a retenu l’hypothèse que « L’arrivée de la masse d’air faiblement contaminé a probablement eu lieu au cours de la journée du 24 mars, comme le prévoit la modélisation de la dispersion atmosphérique à l’échelle mondiale réalisée par Météo France. Dans ce cas, la concentration pour la journée du 24 mars pourrait être de l’ordre de 0,04 mBq/m3. »

Ce parti-pris d’afficher comme seule date celle de fin de prélèvement a été adopté par l’IRSN pour restituer ses données au public. Dans notre exemple relatif à la mesure réalisée à la station d’Anglet, le résultat est consultable sur le site internet CRITER avec comme date retenue celle de fin de prélèvement.

En conclusion

L’IRSN regrette l’interprétation de la CRIIRAD sur les données disponibles. Comme tout citoyen, la CRIIRAD avait la possibilité de prendre contact directement avec l’IRSN. Un simple échange aurait permis de lever toute ambigüité concernant l’interprétation des résultats mis à disposition du public, comme l’a fait l’Institut en lui signalant par téléphone les erreurs publiées dans la note CRIIRAD du 5 avril 2011.

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 08:26

Editorial de Bertrand Barré -  juin 2011      

  www.bertrandbarre.com/ 

 

 

Dans mon éditorial de Septembre 2010, ce n’est pas si loin, je me félicitais de la décision du gouvernement allemand de repousser la sortie de ce pays du nucléaire.  Ces bonnes résolutions n’ont pas résisté à la réalité électorale : au lendemain de l’accident de Fukushima, avant toute analyse des causes et circonstances de cet accident mais juste avant des élections régionales qui s’annonçaient difficiles pour la coalition au pouvoir, la Chancelière décidait l’arrêt immédiat pour trois mois des 7 réacteurs nucléaires les plus anciens[1].  Le Bade-Würtemberg étant passé aux mains des Verts, le gouvernement allemand a annoncé fin mai l’arrêt définitif de 8 réacteurs, ajoutant Krümmel aux 7 précédents, et l’arrêt progressif des 9 autres réacteurs avant fin 2022 (c’est-à-dire un simple retour à la loi votée en 2001 sous la coalition précédente Verts-SPD). Cette décision devrait être confirmée par le Parlement le 6 juin.

 

Cette décision a été abondamment commentée dans les média, beaucoup d’entre eux posant la question : la France doit-elle, ou peut-elle, suivre l’exemple allemand ?  Je vais donc y aller aussi de mon commentaire…

 

Il y a des domaines où nous pouvons admirer, voire envier, nos voisins d’outre-Rhin.  Dans le champ qui nous concerne, par exemple, on peut rendre hommage à leur développement des énergies renouvelables dans un pays aux capacités hydrauliques limitées par sa géographie.  Mais en ce qui concerne l’environnement global, et en dépit de sa forte image « écolo », l’Allemagne est plus un repoussoir qu’un modèle.  Allez donc voir près d’Aix-la-Chapelle leurs paysages éventrés et saccagés par les exploitations à ciel ouvert de lignite, le plus sale des combustibles fossiles.  Savez-vous que dans les 15 années qui viennent il est prévu d’évacuer 45 000 personnes, en détruisant 18 villes et villages, pour étendre, dans l’indifférence générale, ces mines à ciel ouvert ?  De quoi faire rêver ceux qui, en France, manifestent contre l’exploration des ressources de gaz de schiste !  Et que dire de ces grosses berlines qui foncent sans limitation de vitesse sur les « autostrades » tandis que l’industrie automobile allemande bloque toute tentative de limiter en Europe la puissance des moteurs ? Savez-vous qu’un kilowattheure électrique produit en Allemagne provoque l’émission de 5 fois plus de CO2 que le même kilowattheure produit en France – et ceci, bien sûr, avant cette décision d’arrêter les centrales nucléaires allemandes ?

 

J’ai recueilli sur le site de l’Agence internationale de l’Energie ces statistiques comparées qui se rapportent à l’année 2008 :

                                                                                   Allemagne                  France

Population (millions)                                                                  82                              64

Consommation d’énergie primaire (Mtep/an)                           335                            267

Consommation d’électricité (TWh/an)                                         587                            494

Emissions de CO2 liées à l’énergie (Mt/an)                                  804                            368

Emissions par habitant (t/an)                                                                9,79                          5,74

 

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, me semble-t-il.  Mais regardons maintenant les conséquences de la décision de sortir du nucléaire qui fournissait récemment 22% de l’électricité allemande.  Déjà, pour fixer les idées, les huit réacteurs arrêtés produisaient annuellement plus d’électricité que tous les barrages français.  Par quoi cette production nucléaire sera-t-elle remplacée ?  la réponse est connue : par une augmentation de la production de charbon et de lignite (qui fournissent déjà 42% de l’électricité), par un développement important des centrales à gaz (pour compenser l’intermittence d’une production éolienne et solaire qui augmentera elle aussi), et donc des importations de gaz Russe, et par un basculement de sa situation d’exportateur net d’électricité à une situation d’importateur de courant… dont une fraction non négligeable sera d’origine nucléaire, même si une part du courant nucléaire français sera « blanchi » (ou verdi ?)            en transitant par le réseau  Suisse[2].  Il va de soi que tout ceci s’accompagnera d’un renchérissement significatif du prix de l’électricité.

 

Peut-être pensez-vous qu’après tout c’est leur affaire et que nous ne sommes pas concernés par une décision purement germano-allemande ?  Voire !  Toute l’Europe est interconnectée et donc solidaire.  Ces dernières années, nous passions la pointe de demande électrique d’hiver grâce à des importations de courant allemand : il risque fort de nous faire défaut l’hiver prochain… et peut-être même aurons-nous des problèmes dès cet été si une sécheresse persistante nous contraint à réduire la production de nos centrales.  Les importations massives de gaz Russe vont faire monter les prix du gaz sur toute l’Europe.  Quant aux émissions supplémentaires de gaz à effet de serre, c’est toute la planète qui en « bénéficiera », alors même que les climatologues s’alarment de ce que la sortie de la crise économique mondiale s’est accompagnée d’une reprise mondiale de ces émissions…  Je déplore aussi en la matière le manque de cohérence de « l’attelage franco-allemand » qui devrait entraîner toute l’union européenne, mais ceci est une autre histoire.

 

Finalement, qui va suivre l’exemple allemand ?  L’Italie repousse un retour qui se dessinait.  La Suisse aussi devrait maintenant sortir du nucléaire en 2034, ce qui leur laisse le temps de changer encore d’avis.  Mais les autres européens, La Chine, l’Inde, les Etats-Unis, la Russie et l’Afrique du Sud ont déjà indiqué que le nucléaire continuait chez eux – bien sûr, en tirant le moment venu les enseignements de Fukushima.

 

Et s’il faut copier un de nos voisins, je préfère en la matière chercher mon modèle outre-Manche qu’outre-Rhin : le 18 mai, Mike Weightman, Inspecteur en chef des installations nucléaires britanniques a déclaré : « En considérant les causes directes de l’accident de Fukushima nous ne voyons aucune raison d’interrompre le fonctionnement des centrales ni de toute autre installation nucléaires au Royaume Uni.  Quand on en saura plus, toute amélioration proposée sera considérée et mise en œuvre au cas par cas”[3].  



[1] Biblis 1 et 2, Brüsbuttel, Isar 1, Neckarwestheim 1, Philipsburg 1 et Unterweser

[2] On a beaucoup lu que l’Allemagne était le premier pays industrialisé à arrêter son prgramme nucléaire : Faux ! L’Italie l’a fait en 1987, et importe de France, depuis lors, 15 ou 16 % de son électricité…

[3] In considering the direct causes of the   Fukushima accident we see no reason for curtailing the operation of nuclear power  plants or other nuclear facilities in the UK.     Once further work is completed, any   proposed improvements will be considered  and implemented on a case-by-case basis

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 09:20

Ce blog est ouvert aux adhérents de l'ARCEA-Grenoble et à tous nos amis. Il est un lieu de dialogue et de brassage d'idées, de suggestions, de commentaires, dans les différentes rubriques énumérées ci-contre.

Plus d'échanges entre nous devraient entraîner plus d'audience de notre association qui a tant besoin « d'énergies nouvelles »



Le Bureau compte sur vous, allez sur la ou les rubriques de votre choix et n'hésitez pas à : posez la question qui vous tient à cœur, apportez une réponse à des collègues, participez au débat par un commentaire... Afin d'éviter les intrusions externes et malveillantes ou saugrenues, chaque intervention (signée de votre nom ou d'un pseudo) sera validée.
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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 21:53

On apprend aujourd'hui, après enquête, la chronologie des événements du samedi 12 mars 2011 (lendemain du tsunami), permettant de mieux comprendre comment le combustible du réacteur n°1 de FUKUSHIMA DAIICHI a été dénoyé, provoquant la fonte du combustible et la première explosion d'hydrogène (premières difficultés graves de Fukushima).

La cause de cette première explosion d'hydrogène et de ce premier coeur fondu dès le lendemain de l'accident serait que les autorités de sureté nucléaire japonaises (à Tokyo) et le gouvernement (à Tokyo) n'ont pas approuvé suffisamment vite (3 heures de délai) la demande urgente de TEPCO et du directeur du site de FUKUSHIMA demandant l'autorisation d'injecter dès que possible de l'eau de mer dans le réacteur (pour remplacer l'eau douce épuisée).

Sans doute le directeur du site aurait-il dû ne pas demander l'autorisation ? Mais d'un autre côté il s'agissait d'une opération inhabituelle et très probablement en dehors des procédures accidentelles prévues. On peut donc comprendre aussi que le directeur du site n'ait pas voulu prendre seul cette décision qui d'une part condamnait définitivement les réacteurs et d'autre part dont il ne savait pas les conséquences possibles (dépôt de sel dans les réacteurs, pb de corrosion, impact possible du sel sur la réaction nucléaire, etc.). Le directeur a donc pensé utile d'avoir un feu vert de sa hiérarchie et des autorités de sureté à Tokyo avant de procéder à cette injection d'eau de mer, ce qui peut se comprendre. Mais la réponse est arrivée beaucoup trop tard (feu vert reçu 3 heures après la demande).

Le réacteur est ainsi resté plus de 4 heures (de 2h53 PM à 7h04) sans aucun refroidissement entre la fin de l'injection de l'eau douce et le début de l'injection d'eau de mer : 3 heures dans l'attente du réponse favorables des autorités de Tokyo arrivé à 6h05 PM, puis encore 1 heure de mise en route avant de commencer l'injection d'eau de mer sur place à Fukushima, à partir du feu vert gouvernemental donné par le Premier Ministre.

L'explosion d'hydrogène (vue à la TV) est survenue entre temps à 3h36 PM, après 43 minutes sans refroidissement.

Le gouvernement a ensuite demandé d'arrêter l'injection d'eau de mer à

7h25 PM (contre-ordre idiot), seulement 20 minutes après que l'injection ait repris.

Le directeur du site de FUKUSHIMA, pour éviter une aggravation des dégâts, passant alors outre les instructions venant de Tokyo demandant de cesser l'injection d'eau de mer, a alors décidé (à juste titre) en contradiction avec sa hiérarchie (ce qui n'est pas fréquent au Japon) et en désobéissant (à juste titre) à l'ordre donné par le Premier Ministre, de ne pas cesser l'injection d'eau de mer. Il n'est pas fréquent non plus, surtout au Japon, de désobéir à un ordre donné pa rle Premier Ministre (mais le directeur du site avait raison).

Il est clair que techniquement, s'il n'y avait plus d'eau douce, il fallait IMMEDIATEMENT (ou le plus vite possible) utiliser l'eau de mer pour refroidir tout de même le réacteur. Il ne fallait pas attendre 4 heures et il ne fallait pas arrêter ensuite ce refroidissement comme le demandait le gouvernement.

Il ne faut d'ailleurs toujours pas l'arrêter aujourd'hui. La chose la plus importante à faire lorsqu'une situation accidentelle se produit dans un réacteur nucléaire c'est d'assurer à tout prix le refroidissement du combustible pour éviter qu'il chauffe. C'est le but de toutes les procédures de sureté.

    Un arrêt du refroidissement de quelques minutes est sans conséquences (le combustible n'a pas le temps de chauffer trop), mais un arrêt de ce refroidissement pendant plusieurs heures (comme cela a été le cas) mène inévitablement à la surchauffe du combustible, au dégagement d'hydrogène et à la fonte du combustible, éventuellement corium etc. (on a vu la suite).

Il semble qu'il y ait là des difficultés de communication (résultant de la situation générale du pays et du tsunami?) une défaillance importante des instances supérieures de TEPCO (bureau de TOKYO) et de l'autorité de sureté nucléaire japonaise (NISA) ainsi que du gouvernement (tous à

Tokyo) qui auraient dû donner l'ordre IMMEDIATEMENT (ou beaucoup plus rapidement, en quelques minutes) d'injecter l'eau de mer comme le demandait le directeur de la centrale. Il ne fallait pas attendre un feu vert du Premier Ministre pour cela.

Je suppose que le Premier Ministre (dont le directeur de la centrale et NISA attendaient à tort à mon avis le feu vert) était incompétent sur ce questions, difficile à joindre, occupé ailleurs. Lorsque la situation lui a été exposé, il n'a sans doute pas compris les enjeux et l'urgence de la demande.

Tous ces messieurs à Tokyo ont été secoués par les images de l'explosion d'hydrogène vues en direct ou presque à la TV et il s'en est suivi une certaine cacophonie et des ordres contradictoires (dont la demande gouvernmentale inappropriée de cesser l'injection d'eau de mer 1h30 après avoir accordé l'autorisation).

Il y avait peut-être des problèmes de communication et sans doute une grande cacophonie compte tenu de la situation générale.

Il est probable que ceux qui étaient à Tokyo (TEPCO, NISA et

gouvernement) donc loin du site étaient fort occupés par ailleurs et sollicités de tous côtés (problème de hiérarchisation des urgences et de compréhension de la situation dans l'esprit des décideurs, un peu comme à TMI mais d'une autre manière). Il faut se rappeler que juste après le tsunami on se souciait davantage de l'incendie (sans gravité par rapport à ce qui s'est produit ensuite) du batiment des turbines de la centrale d'Onagawa que des problèmes de refroidissement de Fukushima Daiichi. Je pense que certains décideurs tokyoïtes (ayant peu dormi depuis la veille et étant sollicités dans tous les sens) n'ont pas compris l'urgence et la gravité de ce qui était en train de se passer à FUKUSHIMA et l'importance de l'autorisation qu'on leur demandait.

Le directeur du site aurait sans doute mieux fait de ne pas demander l'autorisation de sa hiérarchie (TEPCO-Tokyo) et celle de NISA-Tokyo avant de démarrer l'injection d'eau de mer (comme il l'a fait la deuxième fois quelques heures après). En même temps on ne peut pas lui en vouloir de demander confirmation avant de prendre une mesure radicale (refroidissement à l'eau de mer) totalement inhabituelle, non prévue et pouvant avoir des conséquences graves y compris pour la sureté peut-être.

Si je me mets dans la peau du directeur de centrale sur place qui venait de vivre l'inondation de la centrale sous 5 mètres d'eau, la perte de l'alimentation électrique et des moyens de refroidissement, qui voit tomber l'un après l'autre les derniers moyens de sauvegarde de sa centrale, qui a peu dormi lui aussi, qui n'est pas certain de toues les conséquences techniques de cette décision s'il la prenait seul, la décision de remplacer l'eau douce dans le circuit primaire par de l'eau de mer n'est pas une décision facile à prendre : ce n'est pas prévu dans les procédures, il ne sait pas exactement quelles peuvent être les conséquences (il n'a pas appris cela dans son école d'ingénieurs du nucléaire), donc il fait une demande urgente aux autorités de sûreté (sans doute en espérant une réponse rapide) et il attend le feu vert, c'est logique. Il serait intéressant de savoir ce qui s'est passé à Fukushima Daini notamment et dans les autres réacteurs que ceux de Daiichi ou il y a eu aussi des pb de refroidissement. D'autres sites ont-ils eu recours à l'eau de mer sans demander le feu vert de NISA ?

--

Par ailleurs le Japon a maintenant pour objectif (pas gagné d'avance) en plus de la poursuite du nucléaire, de l'utilisation des combustibles fossiles et des économies d'énergie, de réduire d'un facteur 3 le prix actuel des capteurs solaires d'ici 2020 (et d'un facteur 6 d'ici 2030) et prévoit d'équiper dès que possible de capteurs solaires les 10 millions de toitures au Japon susceptibles d'être équipés :

 

http://www.kantei.go.jp/foreign/kan/statement/201105/25oecd_e.html  (une bonne chose ou un doux rêve qui enfoncera un peu plus le Japon dans la crise énergétique et financière qu'il traverse ?).

 

Bruno Comby

President de l'AEPN

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 22:32

** courrier des lecteurs du "Monde" daté du 24 mai

 

Depuis la destruction (sans conséquences humaines graves) des réacteurs de Fukushima par un tsunami catastrophique, le débat nucléaire se développe dans le « Courrier des lecteurs ».

Je relève cinq lettres depuis le 7 Mai. Deux (M. M... le 7 Mai, M. R... le 13 Mai) sont pronucléaires. Trois (M. R... le 13 Mai, M. B...19 Mai, M. C... le 19 Mai) sont antinucléaires.

 

 Peut-on affirmer pour autant que 40% de vos lecteurs sont « pro », 60 % sont « anti ». Certes pas ! On sait bien que les « anti » sont des militants, utilisant toutes les ressources pour faire connaître leur point de vue. Les « pros » sont souvent des ingénieurs, techniciens, cadres, médecins, travaillant ou non dans cette industrie, mais que leur formation prédispose à comprendre ce dont il s’agit. Ces personnes répugnent à s’engager dans des actions militantes, sont discrets et isolés, et ne sont pas habitués ni incités à faire entendre leur voix.

 

La contestation hargneuse et largement manipulée du nucléaire ne remonte pas aux débuts de cette industrie, malgré le souvenir d’Hiroshima. En 1957 les vignerons de Chusclan baptisaient leur meilleur vin « Cuvée de Marcoule » en raison de la notoriété de l’usine de même nom. Le seul contestataire fut le philosophe Lanza del Vasto, en raison, non des dangers de l’usine, mais de sa finalité partiellement militaire.

 En fait le déchaînement organisé contre le nucléaire, basé sur des risques supposés inacceptables pour l’environnement ou la sécurité, remonte au début des années 1970. Les trois lettres visées ci-dessus reprennent des arguments cent fois ressassés, dont l’exagération déraisonnable a été montrée de façon convaincante par des gens compétents, membres ou non de l’industrie correspondante.

 Exemples d’arguments faux :

 

   --les vertus des éoliennes et autres énergies « renouvelables » Le coût, l’irrégularité, les nuisances diverses de ces techniques supposées « propres » les condamnent à n’être, au mieux, qu’un appoint ;

    --les ressources en Uranium et Thorium :

elles sont infinies dés lors que les surgénérateurs, qui marchent très bien même si leur nécessité économique n’est pas actuelle, entreront en service ;

     --les dangers des déchets,

qui sont en fait parfaitement maitrisés ;

     --les risques d’accidents de réacteurs,

qui sont réels mais dont Fukushima a montré que leurs conséquences sanitaires sont très faibles ;

     --la possibilité de se passer du nucléaire :

 une illusion devant l’épuisement de certaines ressources en combustibles, les risques pour le climat, la croissance de la population mondiale et de ses besoins, même si l’on admet que cette croissance est arrivée à son terme dans les pays développés ;

     --le coût du démantèlement des installations en bout de course,

 lieu d’évaluations fantaisistes que rien n’étaye ;

     --les difficultés de démarrage de la filière EPR,

 en voie de résolution, et explicables pour toute technique nouvelle.

  

 Jean Günther

Ingénieur des Mines en retraite 

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 19:44

téléchargementP4160138--1-.JPG

2 photos montrent cette géniale invention:
A droite,ce galet si spécial suspendu le long d'un pilier;
à gauche, on peut lire les précieuses indications météorologiques fournies par le galet.!!

 

 

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 17:02

 

14 mai 2011

 

Bruxelles Bureau européen
Réunis à Bruxelles le 12 mai, les Vingt-Sept ne sont pas parvenus à s'entendre sur les tests de résistance des centrales

 

 

 

" Pas de problème " sur les 104 réacteurs américains

.

[-] fermer

L'Union européenne n'a pas trouvé, jeudi 12 mai, d'accord sur les critères et l'ampleur des tests de résistance (stress tests) à imposer aux 143 réacteurs en activité dans l'Union européenne. Les discussions devaient se poursuivre vendredi, à Bruxelles, entre les responsables nationaux de la sûreté nucléaire mais, en quittant la réunion de jeudi, le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger, a fait publier un communiqué annonçant que les débats se poursuivraient jeudi 19 et vendredi 20 mai, à Prague. " Le contenu est plus important que le calendrier. Le public attend des tests couvrant un large éventail de risques et des questions de sécurité ", a-t-il indiqué.

  

M. Oettinger avait, en fait, très vite mesuré l'ampleur des divergences entre des Etats dont les positions sont désormais très éloignées de l'unanimité qui les avait conduits, en mars, à évoquer la nécessité de normes de sécurité communes pour toutes les centrales. Les discussions de jeudi avec le Groupe des autorités nationales de régulation dans le domaine de la sûreté nucléaire (Ensreg) devaient, en principe, concrétiser les promesses concernant les tests de résistance après la catastrophe survenue à Fukushima le 11 mars. Mais la plupart des pays européens favorables au nucléaire et regroupés au sein d'une autre instance, l'Association des régulateurs nucléaires d'Europe de l'Ouest (Wenra), entendaient bien limiter l'exercice.

  

A la veille de la réunion de Bruxelles, M. Oettinger avait déposé la liste des critères à envisager. Ils concernent la résistance des centrales à un séisme, une inondation, des variations de température extrêmes ou une panne majeure dans le circuit de refroidissement. Sur ces points, toutes les capitales sont d'accord depuis le début. Poussé par certains pays comme l'Autriche et appuyé par la chancelière Angela Merkel, qui a évoqué la nécessité de " tests les plus exigeants et les plus globaux ", le commissaire entend toutefois inclure d'autres critères : une défaillance humaine, un acte malveillant, une attaque informatique, la chute d'un avion, une action terroriste.

  

Certaines capitales, dont Paris et Londres, refusent catégoriquement. Les chefs d'Etat et de gouvernement, qui se sont accordés le 25 mars, sur le principe des tests de résistance, " ne parlent pas de terrorisme dans leurs conclusions ", a souligné André-Claude Lacoste lors de la présentation, lundi 9 mai, du cahier des charges de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, qu'il dirige.

  

Dans sa présentation de l'analyse des " situations extrêmes " qu'elle compte effectuer, l'ASN s'en tient aux demandes que lui avaient adressées, fin mars, François Fillon. Et elle souligne qu'intégrer la notion d'attentat serait inconciliable avec " l'obligation de transparence " : estimer la puissance d'une frappe terroriste et rendre un tel scénario public serait trop dangereux, a donc objecté Paris. " Dans les délais courts dont nous disposons, nous ne sommes pas capables de mener des études sérieuses sur le terrorisme ", ajoute M. Lacoste.

  

Tentative de compromis

Les prises de position radicales du commissaire allemand, qui avait notamment affirmé, après la catastrophe survenue au Japon, que certains réacteurs européens ne satisfaisaient pas aux normes de sécurité requises, n'ont sans doute pas facilité les négociations. Pas plus, sans doute, que l'attitude de la France, qui a présenté ses propres critères quelques jours avant la réunion des régulateurs européens. José Manuel Barroso, le président de la Commission, a tenté d'ébaucher un compromis : dans une intervention, il a cherché à convaincre qu'une mention comme " la résistance à des actions imputables à l'homme " serait suffisamment vague pour rassembler les uns et les autres autour d'une liste suffisante de critères.

M. Oettinger a, pour sa part, déclaré qu'il refuserait des " tests de résistance allégés ". " Ils ne porteront pas ma signature ", a-t-il indiqué. Le responsable allemand se dit même prêt à renvoyer, le cas échéant, le dossier au Conseil européen ou à proposer une réglementation contraignante, comme le prévoit, dit-il, le mandat qui lui a été confié.

  

Jean-Pierre Stroobants

© Le Monde

 

 

 

 

 

 

 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 09:39

Sauvons Le Climat - 11 avril 2011

 La catastrophe de Fukushima vient de relancer le débat sur la place du nucléaire dans l’évolution du mix énergétique.

 

Quel que soit le caractère exceptionnel et non généralisable de l’événement à l’origine de la catastrophe, chacun perçoit qu’au final, ce n’est pas seulement la probabilité de l’accident qui compte, mais l’ampleur de ses conséquences, surtout en termes de durée, s’il advient.

Il faudra donc, bien entendu, tirer des conclusions concernant l'amélioration de la sûreté des centrales, en ce qui concerne le risque inondation, la protection des piscines, les possibilités de vie en autarcie de la centrale et le maintien d'une accessibilité satisfaisante dans toutes les conditions. Le but à atteindre est que l'évacuation de la population, qui crée inévitablement un climat de panique, ne soit plus nécessaire.

 

Le caractère non local des effets, perceptible à travers les images d’évolution du panache à travers le monde, confirme que l’énergie n’est pas une marchandise comme une autre,

et qu’elle devrait être considérée comme un bien commun, au même titre que l’eau, l’atmosphère ou le climat, relevant plus d’une logique de service public que d’une logique de marché.

 

L’établissement de normes internationales de sécurité, la mise en place d’instances d’évaluation indépendantes des gestionnaires des centrales, le renforcement des agences internationales de contrôle sont autant de chantiers indispensables à développer si l’on entend profiter des avantages de l’énergie nucléaire comme source concentrée et décarbonée d’énergie. Des panaches similaires aux panaches radioactifs, mais porteurs cette fois des gaz à effet de serre, rendraient concret cet autre aspect non local des perturbations anthropiques de l’atmosphère.

 

L’accident de Fukushima ne supprime en effet pas la problématique énergie-climat telle qu’elle se pose pour les décennies à venir à l’humanité : comment assurer une augmentation d’un facteur proche de deux de la demande énergétique globale d’ici 2050, en raison principalement de l’émergence de pays hors OCDE, tout en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre ?

 

Aujourd’hui, les potentiels des énergies renouvelables sont trop réduits pour qu’elles puissent remplacer les énergies fossiles, même aidés par l’indispensable amélioration de l’efficacité énergétique.  Abandonner rapidement le nucléaire impliquerait nécessairement de s’engager dans une perspective « décroissante » dont la gestion sociale serait d’autant plus délicate qu’elle serait brutale.

 

Sauvons Le Climat pense qu’il convient plus que jamais de garder la tête froide.

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 22:18

 

Cela faisait deux heures déjà que grondait l'orage sur le Vercors. L'après-midi avait été chaud d'une chaleur surprenante pour l'époque de l'année. Les parkings de l'ILL s'étaient vidés mais il restait quand même assez de voitures pour surprendre un visiteur non averti. La science n'a pas d'horaires. Le Ciel vers Voreppe était noir d'encre et des odeurs de terre humide descendaient des hauteurs montagneuses dominant le site où est implanté leur lieu de travail. La pluie d'orage était déjà là-haut, sur le plateau du Sornin.

 

I.L.L.  Ces trois lettres abréviation pour "Institut Laue Langevin", nom donné en 1967 à la société s'affichaient en taille d'un mètre de haut sur un panneau bleu à l'entrée du site constitué principalement d'un bâtiment de cinq étages abritant les bureaux lui-même accolé à une immense coupole d'acier en double enceinte de 60 mètresde diamètre contenant le réacteur nucléaire. La majeure partie des grenoblois ne savait pas très bien à quoi servait cette énorme cocotte minute peinte en gris posée là et ils confondaient souvent le site avec le Centre d'études Nucléaires de Grenoble, tout proche. Seuls quelques initiés savaient que c'était là le tout nouvel outil scientifique de Grenoble, collaboration exemplaire franco-allemande, une pile statique à haut flux de neutrons, bref un réacteur nucléaire mais surtout le plus puissant au monde en flux, servant à de nombreuses expérimentations dans tous les domaines de la science.

 

L'équipe de jour les quittait après leur avoir donné consignes et dernières informations sur les événements de la journée. Electricien, mécaniciens, conducteur de pile et chef de quart constituaient l'équipe. Comme sur un bateau où l'équipage est divisé en quart de veille, le personnel d'exploitation du réacteur était constitué en cinq équipes qui se remplaçaient toutes les douze heures en salle de contrôle. Bientôt ils furent seuls, pour eux, un long quart de nuit commençait.

 

Vers onze heures du soir le mécanicien terminait sa première ronde, arrivant en salle de contrôle leur dit : " Je crois que ça vas péter. Le ciel est tout illuminé d'éclairs vers le nord et le tonnerre gronde sans arrêt.".  L'électricien s'approcha de l'enregistreur de la moyenne tension pour vérifier, car souvent des petites sautes d'humeur du tracé étaient un signe précurseur indiquant des perturbations sur le réseau électrique. Ils savaient que la ligne Haute Tension alimentant le poste principal de transformation du site parcourait le plateau du Vercors, venant de Valence et les orages lointains ne manquaient pas d'influencer à distance l'enregistrement. Non rien de particulier.

 

Soudain, le poste radio FM de la salle de contrôle un cadeau de l'équipe projet, qui crachotait des parasites au rythme de l'orage, réglé en sourdine sur Radio France se mit à diffuser un flash d'informations: "On signale de forts orages sur le Massif Central et on est sans nouvelles du Vickers Viscount  Air Inter qui devait se poser à onze heures sur l'aérodrome de Clermont-Ferrand avec 68 passagers à bord."

 

Eux aussi livrés aux éléments extérieurs ils allaient subir l'orage. Un fracas fit trembler les baies vitrées tandis que le couloir derrière eux était illuminé par l'éclair. Brusquement l'orage était sur eux. Dehors la pluie diluvienne mêlée de grêlons frappait les vitres avec méchanceté. Radio France reprit : " Le Viscount d'Air Inter qui devait se poser à Clermont-Ferrand s'était signalé en approche à la tour de contrôle. Des recherches difficiles à cause des intempéries et des difficultés d'accès sont entreprises sur l'axe d'approche de la piste de cet aéroport".

 

 

Soudain, peu après minuit, ils furent brutalement plongés dans le noir tandis que le klaxon général des alarmes hurlait. Seuls les voyants des alarmes et des vannes restaient allumés faisant du mur du fond un immense panneau lumineux de parc d'attraction. De son premier coup d'œil de chef de quart il vit que beaucoup de ces lampes avaient viré au rouge signalant du coup la fermeture d'un certain nombre de vannes mais son premier réflexe fut de vérifier le niveau du vase d'expansion.  Ce vase, en réalité un énorme réservoir, était la réserve immédiate d'eau lourde du réacteur permettant l'expansion du circuit principal suivant sa température. Une baisse de niveau soudaine aurait signifié une fuite et suivant le débit de cette fuite, la nécessité d'agir dans l'urgence. C'était là un des risques principaux du réacteur, qui, pour être en sécurité, devait toujours avoir son élément combustible noyé dans son liquide caloporteur et modérateur de neutrons, l'eau lourde. Immédiatement le conducteur de pile avait réagi vérifiant tous ses paramètres, prêt à appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence, mais le travail était déjà fait. L'électronique de contrôle de sécurité plus rapide que l'homme avait décelé un arrêt du refroidissement principal et immédiatement donné l'ordre de couper le courant dans les électroaimants soutenant les barres de sécurité. Les cinq barres d'absorbant tirées par la gravité et poussées par de l'air comprimé étaient violemment descendues au niveau de l'élément combustible d'uranium 235 et avaient étouffé la réaction nucléaire contrôlée.  Le Klaxon hurlait toujours et le moment critique de stress passé il en eut la perception, se leva calmement et acquitta en appuyant sur le bouton d'arrêt. Le silence se fit.

 

L'électricien de son équipe signala la reprise en secours des diesels du groupe électrogène. Deux énormes moteurs Diesel accouplés à d'énormes génératrices électriques de 1750 KVA et de ce fait la lumière jaillit. Les circuits de courant normaux et d'éclairage en basse tension étaient à nouveau alimentés. Par contre, les pompes principales de refroidissement du réacteur alimentées directement en Haute Tension restaient à l'arrêt vannes fermées, échangeurs de chaleur isolés, heureusement le cœur de la chaudière nucléaire était tout de même refroidi par les pompes du circuit de sécurité.  Alimentées à travers des onduleurs de tension par un groupe de batteries de secours il y avait trois pompes de refroidissement qui ne devaient pas s'arrêter tant qu'il restait assez de chaleur résiduelle dans le cœur risquant de porter le métal de l'uranium 235 à la température de fusion.

 

Le conducteur de pile avait la main sur le bouton de la  diffusion d'ordres et annonçait dans les bâtiments : "Chute de barres… Chute de barres… Arrêt du réacteur." Mais déjà le téléphone du chef de quart sonnait et des physiciens inquiets pour leurs expériences de la nuit demandaient des renseignements :

 

- Oui c'est une chute de barres consécutive d'un manque de tension EDF…

- Oui on redémarre dés que possible…

- L'effet Xénon ?   Oui on sait…

 

Et en effet ils savaient. Ils savaient qu'étant à la fin du cycle de 45 jours de l'élément combustible il ne leur restait que peu de temps pour redémarrer sinon, inexorablement, ce poison pour les neutrons qu'est le gaz xénon empêcherait le redémarrage et les obligerait à attendre trois jours. Trois longs jours sans expériences, c'était un drame pour certains chercheurs qui venaient de fort loin, pour une toute petite semaine ou même une seule journée d'expérimentation. Les places étaient chères sur les instruments disposés autour du réacteur et les physiciens du monde entier se les disputaient âprement.

 

La tension EDF était revenue et l'électricien avait refermé les jeux de barres électriques et isolé le groupe électrogène, la procédure de refroidissement normal pourrait avoir lieu dés la remise en service du réacteur.

Il était prés d'une heure du matin quand il fit le numéro de téléphone de l'ingénieur de service en astreinte à son domicile.

 

- L'orage ? … Ah! Oui l'orage, une coupure EDF… Avez tout vérifié ?

 

Ils avaient tout vérifié et l'ingénieur de service bien au chaud dans son lit écoutait l'esprit un peu ensommeillé les explications. Il devait faire confiance à l'équipe. Après tout, eux ils étaient là-bas sur place et ils savaient. En deux mots l'affaire fut réglée et ils eurent l'autorisation de redémarrer.

 

La radio toujours en sourdine signalait que dans l'avion disparu se trouvait un jeune garçon de six ans, le fils du Directeur du SAMU de l'Isère, le Docteur M... Celui-ci était parti immédiatement de Grenoble et se dirigeait dans la nuit vers Clermont-Ferrand.

 

En tant que chef de quart, il prit ses dispositions pour la divergence et fit commencer la remontée des barres de sécurité. Dehors la tempête avait cessé mais le gardien du site signalait des entrées d'eau de ruissellement dans le laboratoire des rayons X ainsi qu'un"skydome" arraché sur une galerie technique. Le mécanicien partit vérifier.

 

Une fois les barres de sécurité remontées, ce fut avec la sortie de la barre de pilotage que l'approche sous critique pour la divergence fut préparée.  La température du circuit de refroidissement était l'objet de leur surveillance car sans la réaction nucléaire il ne fallait pas trop refroidir et risquer un choc thermique néfaste pour les structures métalliques. Il fallait mettre en route le refroidissement principal progressivement pendant la montée en puissance.

 

Vers une heure du matin, la radio diffusa un nouveau flash : " Les équipes de secours ont retrouvé l'épave du Viscount d'Air Inter… Une unité des pompiers du CODIS 63 a retrouvé l'épave coupée en deux parties séparées de plus de trois cent mètres dans la forêt sur les hauteurs des monts du Forez vers le Pic du Picon… Dans la partie arrière de l'épave il y aurait des survivants…"

 

Tandis que l'aiguille de l'enregistreur de la puissance commençait à se déplacer en montée, il prit le micro de la diffusion d'ordre et annonça pour les physiciens impatients : "Divergence… Divergence…".  Puis ce fut la montée en puissance avec ses arrêts pour des paliers de contrôles et la mise en service du refroidissement principal.

 

Quand ils eurent atteint la puissance de 57 méga Watts, c'est avec soulagement que le conducteur de pile put annoncer au micro : "Puissance nominale..." Les expérimentations allaient pouvoir reprendre dans les halls.

 

Alors le calme enfin revenu il quitta son bureau et vint sur le pallier du quatrième étage où se trouvait la salle de contrôle se planter face à la baie vitrée, fier de son équipe, admirant à ses pieds la ville de Grenoble tranquillement endormie et vibrant de toutes ses lumières nocturnes tandis que là-bas, derrière lui, au fond du couloir, après le sas étanche brûlait la réaction nucléaire et que sous l'eau cristalline de la piscine luisait d'un bleu magique l'effet Cherenkov.

 

 Au matin, le Docteur M… retrouvait son fils parmi les huit survivants.

 

Pour mémoire :  27. 10.1972  - Vickers 724 Viscount F-BMCH crash sur le Pic du Picon, 60 victimes sur 68.

 

 

 

Richard. POUGET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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