Dans les années 70, la Corée du sud privée de ressources fossiles, se lançait dans la production électronucléaire et commandait
des installations au Canada (réacteurs CANDU ) et à la France (réacteurs REP 900MW )
L'établissement national « Korean Atomic Energy Research Institute » (KAERI) signait avec SGN un contrat de collaboration pour la construction et l'équipement de laboratoires dans une zone
scientifique et universitaire située en Corée profonde à une dizaine de kilomètres d'une petite cité thermale Yusong proche de la grande ville de Daejong. L'un de ces laboratoires « Post
Irradiated Facilities (P.I.E.)» était destiné aux examens et analyses de combustibles et matériaux irradiés.
Au terme de trois contrats successifs entre KAERI, SGN et le LAMA, nous intervenions sur le site pour le montage et la mise en service, dans le labo. PIE, des importants équipements scientifiques
que nous avions étudiés et construits à Grenoble.
Automne 84 : je dirige une équipe composée de 11 ingénieurs et techniciens qui oeuvrent pendant 3 mois pour livrer, dans les
délais prévus, le laboratoire en état de marche.
La fin de notre prestation est marquée par l'inauguration (en inactif) du laboratoire. Cela se passe dans la vaste zone arrière des enceintes THA (Très Haute Activité) ; les dirigeants de KAERI
font spécialement le déplacement de Séoul.
Habitués aux traditions occidentales, nous ne nous attendons pas à découvrir au milieu de la zone un autel chamaniste où une tête de cochon (provenant de l'abattoir) trône au milieu d'offrandes
(fruits) et de bougies, une soucoupe attend les offrandes en espèces ! .
Un ingénieur coréen, revêtu de sa blouse blanche, officie en Chaman. Nous voyons les numéros 1 et 2 de KAERI venir se prosterner tour à tour devant la tête de cochon et déposer leurs enveloppes
offrandes.
C'est alors que le Chaman vient m'inviter. Après avoir glissé à la hâte quelque billet dans une enveloppe, je vais à mon tour me prosterner avec toute la déférence qui s'impose ! Puis tout le
détachement du CENG doit faire de même.
Cette « cérémonie » se déroule dans la bonne humeur et certaines de nos attitudes soulèvent l'hilarité générale. Hélas, trois fois hélas, le flash de l'appareil photos nous a joué un très vilain
tour et nous avons eu le grand regret de ne pas ramener les prises de vue de cet événement exceptionnel... « Se prosterner
devant une tête de cochon »
Je laisse au lecteur le soin d'imaginer une signification à ce rite...
Michel Chevalier