La qualité des inspecteurs a t'elle été vérifiée ? la réponse est affirmative. Bon, j'arriverai d'ici une demi-heure.
Je préviens mon chef de service qui me soutiendra dans cette épreuve inopinée en venant me rejoindre. L'ingénieur de sécurité du labo est appelé en renfort , sa connaissance et sa mémoire du LAMA nous est indispensable.
Pendant le trajet, je repense à cet épisode des « Copains » de Jules Romain où des plaisantins déguisés se présentent un soir à une caserne, font réveiller le colonel et demandent à inspecter...
les latrines !
Cette pensée me met de bonne humeur, c'est avec le sourire que j'accueille les deux inspecteurs des INB.
Ils voulaient voir les mesures de protection physique de l'installation. Par chance, nous venions de faire installer un réseau de capteurs à toutes les ouvertures (bris de vitres sur les fenêtres, détecteurs magnétiques aux portes), des verrouillages télécommandés et un tableau synoptique dans le sas d'entrée du bâtiment. Ces dispositions nous valurent le satisfécit de nos visiteurs.
Il fallait bien vérifier si les portes s'ouvraient, elles s'ouvrirent et les inspecteurs, une fois dans le bâtiment, émettaient alors le désir de tout regarder... Et, pendant deux heures ils virent tout ! L'un d'eux fut même très étonné par les feux clignotants rouges placés sur les portes arrières des grandes enceintes blindées. Nous avons expliqué : « un clignotant rouge signifie, comme partout, une interdiction d'entrer », interdiction évidente due au fort niveau de radioactivité présent à l'intérieur de l'enceinte.
Cette inspection s'est déroulée pendant deux heures, à la satisfaction de nos visiteurs. Après avoir refermer la
porte, nous leur demandions ce qui nous avait valu l'honneur de cette visite.
La réponse était inattendue : « Nous n'avions pas atteint notre quota d'inspections.
Comme nous avons entendu parler de SILOE (une fuite de tritium) toute l'année, et jamais du LAMA... alors nous avons voulu savoir à quoi nous en tenir »
Michel Chevalier